Dimanche 9 novembre – je marche
lentement. Il est 9h, aux alentours. Je marche lentement. Le ciel est blanc et bleu, l’air composé des mêmes couleurs. Lentement j’avance dans ma joie, celle qui m’habite en profondeur dont je connais la source mais ne comprends pas vraiment la persistance. Cette joie sous mes pas malgré le sol glissant, nichée dans les feuilles encore aux arbres et celles tombées. Cette joie accrochée à tous les silences, celui du grincement du vélo vieux qui passe, du ronflement de la voiture au ralenti, du cliquetis des cabas tirés vers le marché, de la vieille dame, même elle, ses murmures, toujours assise avec son chien à l’entrée du supermarché, des parfums chauds de la boulangerie, de la pie qui de son cri fait fuir le pigeon. Des silences pleins. Riches. Sonores. Calmes. Et je marche avec mon sourire. La joie d’un présent minuscule mais réel. Et je marche. Et je sens une vibration au fond de ma poche.
Gaza : que se passera-t-il après tout ce silence ?
Tous les pas n’ont pas le même silence. Le réel est bien trop minuscule. Ma joie est une violence au monde.
